Quarante après sa création par Annick Goutal et une vingtaine d’années passées sous pavillon américain puis coréen, la marque de haute parfumerie éponyme redevient française. Le groupe Interparfums qui exploite notamment Jimmy Choo, Montblanc, Lacoste et Coach, a annoncé avoir acquis “tous les droits de propriété intellectuelle relatifs à la Maison Goutal détenus par Amorpacific Europe dans le monde. Lequel continuera d'exploiter la marque Goutal (qui au passage a perdu le prénom de sa fondatrice , décédée en 1999), dans le cadre d'un accord de licence pour une durée indéterminée”, indique le repreneur qui développera celle-ci à partir de l’an prochain en collaboration avec son licencié.

Pas vraiment une rupture stratégique pour la griffe donc, mais néanmoins une bonne nouvelle pour ce nom de la parfumerie de niche connu pour ses jus emblématiques L’Eau d’Hadrien ou Petite Chérie, qui renoue avec ses racines. Satisfaction aussi pour Camille Goutal, la fille de la fondatrice et garante de l'héritage, “qui restera impliquée dans les choix olfactifs afin de perpétuer les valeurs de la maison, précise l’acquéreur. Cette marque dispose d'un potentiel significatif sur ce segment très porteur”. 

Musicienne, mannequin et antiquaire

La  griffe qui après avoir été développée par le groupe Taittinger, évolua un temps dans le giron de l’américain Starwood Capital, est restée très empreinte de l’esprit raffiné d’Annick Goutal. Cette femme d’exception qui fut à la fois musicienne, mannequin et antiquaire.

C’est, de son côté, pour Philippe Benacin, co-fondateur d’Interparfums voilà 40 ans aussi, un double motif de satisfaction car l’emplette va permettre à son groupe de s’ancrer dans la haute parfumerie. C’est également pour le fabricant de parfums un virage stratégique car celui-ci exploitait jusqu’ici essentiellement des marques sous licences, mais n’ en était pas propriétaire.

Le montant du rachat n'est pas dévoilé, mais est estimé entre 15 et 20 millions d’euros. Interparfums se contente d’indiquer que le chiffre d'affaires d'Annick Goutal “a atteint environ 10 à 12 millions d'euros par le passé”. Il lui reste à réveiller la belle endormie, fort de son expérience et de sa puissance de feu. L’an dernier son bénéfice a grimpé de 10%  à 130 millions, avec une marge opérationnelle de plus de 20%.